Quoi de (vraiment) neuf sous le soleil grec?

Pas d’article depuis mai 2014 sur « Europe Grèce. »

Par peur de se répéter.

Les jeunes Grecs continuent de quitter le pays – on en croise de plus en plus à l’étranger, et leurs histoires sont un peu toujours les mêmes.

Cela résume tout en soi, il n’est pas besoin d’en dire plus.

A l’Est rien de nouveau.

Mon respect aux plus démunis qui font le choix de rester malgré tout, même quand ils auraient la possibilité de partir.

N’en déplaise à un certain discours, quitter ses racines est une douleur que certains veulent s’éviter à tout prix.

« Europe Grèce » continue de recevoir des visiteurs malgré l’absence de publications récentes. L’un des articles les plus consultés ne concerne pas directement les Grecs, mais les Turcs, et leurs origines.

Les Grecs d’Ukraine

Selon la Présidente de la fédération des associations grecques d’Ukraine, les Grecs d’Ukraine seraient inquiets en raison de la volonté des mouvements nationalistes ukrainiens (Pravy Sektor et Svoboda) de remettre en cause la loi en vigueur sur l’emploi des langues minoritaires, jusque là reconnues.

Nous n’allons pas nous étendre sur la problématique posée par cette législation dont nous n’avons pas une connaissance approfondie.

Mais c’est une occasion de rappeler la présence grecque en Ukraine, et de rappeler que les Grecs d’Ukraine ne sont pas des immigrés.

La présence grecque en Ukraine remonte à l’Antiquité, bien avant qu’il ne soit question d’Ukraine, de la Rus’ de Kiev, ou des Tatars dans la région, et fut confortée au Moyen Âge et à l’époque moderne.

pontosIl faut en effet comprendre que pendant des millénaires, les rives de la mer noire appelée en grec « Pont Euxin », étaient peuplées de Grecs, notamment en Crimée ainsi qu’au nord de l’Anatolie, le berceau des « Grecs pontiques. » Les échanges et les installations de populations grecques furent toujours réguliers entre cette région, et les autres régions du monde grec, tout au long de l’histoire et en tout cas, jusqu’à ce que  se produisent deux événements majeurs du 20ème siècle : la création de l’URSS et l’éradication des Grecs pontiques chrétiens d’Anatolie par les Turcs à compter de 1919.

Les populations grecques étaient essentiellement installées en Crimée, jusqu’aux années 1770/1780 où Catherine II les fit s’installer plus à l’est, vers Donetsk au nord de la mer d’Azov. Aujourd’hui elles sont réparties en plusieurs points de l’actuel territoire ukrainien, mais surtout dans les régions de Marioupol, Odessa, Donetsk, Kharkiv, et Kiev.

Victimes d’exactions après la révolution bolchévique, pour leur faire payer l’intervention de la Grèce auprès des « Russes blancs » en 1919, puis déportés par Staline qui s’en méfiait comme agents possibles de l’étranger, les Grecs d’Ukraine ne seraient plus officiellement qu’entre 91.000 et 93.000  et dénombrent 11 députés grecs au Parlement ukrainien ainsi que 48 villages grecs; mais certaines sources parlent de 150.000 personnes, tandis que les Grecs d’Ukraine vous diront que les Ukrainiens d’ascendance grecque seraient encore bien plus nombreux, en comptant ceux qui sont issus de  nombreux mariages mixtes.

A lire également pour les curieux :

– un article du Washigton Post de 2012 sur les Grecs d’Ukraine

– pour les hellénophones, le dossier consacré aux Grecs d’Ukraine par l’agence de presse ANA-MPA (« Agence de presse athénienne-Agence de presse macédonienne ») et divers reportages disponibles sur Youtube : ΟΜΟΓΕΝΕΙΑ: ‘Ελληνες της Ουκρανίας  – Ταξιδεύοντας με τον Τέρενς Κουίκ – Ουκρανία

– en français, un article approfondi sur les Grecs de la région de Marioupol, insistant notamment sur la perte progressive de leur identité linguistique au contact des populations voisines : http://remi.revues.org/379 « Les Grecs de Mariupol (Ukraine). Réflexions sur une identité en diaspora – Kira Kaurinkoski » in « Revue européenne des migrations internationales »

Saint Valentin repose en Grèce!

 L'église où repose une partie des reliques de Saint Valentin, à Athènes. Source de la photo : http://photosarchitektou.blogspot.fr
L’église où repose une partie des reliques de Saint Valentin, à Athènes. Source de la photo : http://photosarchitektou.blogspot.fr

Les reliques de Saint Valentin* reposent en Grèce.

Elles sont pour partie conservées à Athènes, en l’église catholique italienne de San Francesco e Santa Chiara, au 7 rue Guilfordou face à la Place Victoria.

Une autre partie de ces reliques se trouve provisoirement à Chios depuis plusieurs années, et doit regagner l’église catholique de Lesbos, actuellement en cours de restauration, où elles étaient conservées auparavant; le transfert devrait avoir lieu en mai 2014. L’église catholique  de Lesbos dépend du diocèse catholique romain de Chios.

Après vérification il semble qu’il existe un autre « Saint Valentin » dans le calendrier de l’Eglise orthodoxe, célébré le 27 octobre. Le « Saint Valentin » célébré le 14 février et dont les reliques sont donc conservées en Grèce, semble être uniquement reconnu par l’Eglise catholique romaine. Mais les amoureux grecs célèbrent aussi la Saint Valentin le 14 février.

balePar ailleurs une petite minorité de Catholiques romains existe au sein de la population grecque, fruit notamment, de l’occupation vénitienne de certaines îles.

Source Lesvos news

Pour une série d’articles (en grec) sur la restauration de l’église catholique de Lesbos : http://www.emprosnet.gr/tags/katholikos-naos

* Ou de l’un des nombreux saints du nom de Valentin, pour être précis.

Les « Phalangistes » grecs: retour sur la Grèce de Métaxas.

Le symbole de l'EON: la double-hache crétoise.
Le symbole de l’EON: la double-hache crétoise.

A l’heure où certains évoquent le « retour aux années 1930 » qui frapperait les pays en crise, peu d’observateurs reviennent sur ce qu’elles furent pour la Grèce.

Nous avons choisi de le faire, sous le prisme peu connu des « Phalangistes » grecs.

Le terme « Phalangistes » désignait les membres des bataillons (« tagmata ») de « l’EON », « l’Organisation nationale de jeunesse »  du « Régime du 4 août » du Dictateur Métaxas, créée en 1936 et dissoute en avril 1941.

La Grèce de Métaxas demeurait officiellement une monarchie, mais son premier ministre s’était fait attribuer les pleins pouvoirs par décret royal, le 4 août 1936, sur fond d’agitation communiste et syndicale, et d’instabilité politique (aux élections de 1936 qui se déroulèrent à la proportionnelle intégrale, les deux principaux partis de gouvernement venaient de totaliser chacun 143 et 141 sièges au Parlement, mais se montraient incapables de former un gouvernement stable et de faire face à la crise économique et sociale frappant le pays, tandis que les communistes obtenaient 15 sièges).

Métaxas salué par des Phalangistes de l'EON.
Des membres de l’EON effectuant le salut phalangiste. Au centre, Métaxas.

Métaxas écrira dans son « journal » (« Ημερολόγιο » page 553) :

« Le 4 août la Grèce est devenue un Etat anticommuniste, un Etat antiparlementaire, un Etat totalitaire. Un Etat dont la base est agricole et travailleuse et donc, un Etat anti-ploutocratique. Il n’y avait pas, bien-sûr, de parti particulier pour gouverner. Mais le parti était le peuple tout entier, à l’exception des incorrigibles communistes et des réactionnaires des anciens partis. »

Le principe de gouvernement de Métaxas n’était donc pas fondé sur l’idée d’un parti  unique de masse, contrairement aux régimes de Mussolini ou de Hitler, mais sur l’absence pure et simple de parti politique.

« L’EON » était la seule véritable organisation de masse, destinée à « former » idéologiquement la jeunesse, et à la préparer à la guerre d’un point de vue physique et mental.

L'homme de la photo, bras tendu, ne fait pas partie des jeunesses hitlériennes, ni de l'Opera Nazionale Balilla (les jeunesses fascistes italiennes, de Mussolini, à ne pas confondre avec les pâtes Barilla). C'est un membre de l'EON, "l'Organisation grecque de jeunesse" mise en place par le "Régime du 4 août" du dictateur Métaxas. Ce même Métaxas et, après son décès le 29 janvier 1941, son fidèle successeur Koryzis, combattront contre l'Italie fasciste, puis contre l'Allemagne nazie.
L’homme de la photo, bras tendu, ne fait pas partie des jeunesses hitlériennes, ni de l’Opera Nazionale Balilla (les jeunesses fascistes italiennes, de Mussolini, à ne pas confondre avec les pâtes Barilla). C’est un membre de l’EON, « l’Organisation nationale de jeunesse » mise en place par le « Régime du 4 août » du dictateur Métaxas, effectuant la salut des Phalangistes. L’esthétique du régime rappelle celle des autres régimes autoritaires des années 1930. Mais ce même Métaxas et, après son décès le 29 janvier 1941, son fidèle successeur Koryzis, combattront contre l’Italie fasciste, puis contre l’Allemagne nazie, en raison des revendications territoriales des puissances de l’Axe et de leurs alliés bulgares visant la Grèce.

Les spécialistes s’opposent sur la question de savoir si le Régime du 4 août était un « simple » régime autoritaire (dictatorial) influencé par l’esthétique fascisante des années 1930, ou un régime véritablement fasciste. Ce n’est pas une spécificité grecque. Les mêmes interrogations se posent, par exemple, pour l’Espagne de Franco. Nous n’entrerons pas dans ce débat complexe de spécialistes, qui a trait à la définition même, difficile et changeante, du fascisme.

L’idéologie de Métaxas empruntait à certaines idéologies à la mode en les accommodant « à la sauce grecque. » Cela le rendait proche, notamment, du régime du dictateur portugais Salazar.

Dans ses « Cahiers de réflexion », voici ce que Métaxas n’hésitait pas à écrire contre la démocratie parlementaire, au nom de la défense du peuple contre le « capitalisme »:

« La Démocratie est l’enfant unique et pur du capitalisme, et son organe qui impose sa volonté en la faisant passer pour volonté populaire.
(…) Le capitalisme, pour accumuler des capitaux entre les mains qui le représentent et transformer tout le monde en ses esclaves – mais des esclaves qui se croiront libres – a besoin de la liberté de l’économie, et que l’intervention de l’état dans l’économie de la société soit limitée. Et s’il a tout de même besoin d’une petite intervention de temps à autres, il faut encore que la machine de l’état se trouve entre ses mains pour que l’intervention soit le moins étendue possible, qu’elle soit toujours à son avantage.
Les états où domine l’économie dirigée, quand bien même seraient-ils démocratiques – nous entendons par là, ceux qui recherchent le véritable intérêt général du peuple – ne sont pas de l’intérêt du capitalisme. Car dans ces pays l’exploitation de l’ensemble du peuple par les représentants du capitalisme n’est pas possible. Encore moins quand ces états sont totalitaires. Car là le capitalisme ne peut pas avoir la presse entre ses mains, ni diriger l’opinion publique dans son intérêt, ni renverser ce qui n’est pas de son intérêt avec des manoeuvres de partis, ni devenir maître de la machine étatique avec des élections. »

Métaxas lors d'un rassemblement de Phalangistes.
Métaxas lors d’un rassemblement de Phalangistes.

Contre ce régime, l’histoire retiendra : la censure, le contrôle (étatisation) du mouvement syndical,  l’anticommunisme radical, les méthodes autoritaires à l’encontre des opposants (législation autorisant l’arrestation et l’exil des opposants, notamment communistes, usage répandu de la violence à l’encontre des suspects, cas de meurtres déguisés en suicide), la politique culturelle simpliste et monolithique, visant notamment à effacer les accents orientaux (perçus systématiquement, à tort, comme turcs) de la culture des réfugiés grecs d’Asie mineure. A son crédit : mesures sociales (parfois élaborées par de précédents gouvernements mais mises en place par Métaxas), efforts d’industrialisation, politique de paix avec la Turquie (soulevant l’indignation silencieuse des réfugiés grecs d’Asie mineure, comme lorsqu’il baptisera « rue Atatürk » la rue de Thessalonique où se situe la maison présumée de Mustafa Kemal), absence de lois raciales à l’allemande, préparation militaire efficace du pays en vue de l’invasion germano-italienne (malgré des moyens limités).

SCAN_00270
Couverture du magazine « I neolaia ».

Pour qui voudrait en savoir plus, nous invitons nos lecteurs hellénophones, à consulter le magazine « I Néolaia » (Η Νεολαία / « La Jeunesse »), la revue de l’EON, qui mieux que n’importe quel analyste permet de comprendre directement l’esprit que le régime tentait d’insuffler à la jeunesse grecque. Les lecteurs francophones pourront en consulter les photographies, assez parlantes (après avoir cliqué sur chaque couverture): http://ioannismetaxas.gr/Periodiko_Neolaia.html  (archives mises en ligne par une descendante de Métaxas).

Les valeurs économiques et sociales défendues par le régime de Métaxas au travers du magazine « Néolaia » pourraient être définies comme celles de la petite bourgeoisie grecque de l’époque. Un article de « Néolaia » sur les « Sokols » (mouvement de jeunesse slave, nationaliste et sportif, né en terre tchèque et qui s’est répandu dans de nombreux pays slaves) trahit certaines sources d’inspiration du régime. Pour le reste, des extraits de l’Antigone de Sophocle côtoient les conseils ménagers pour les jeunes filles et les textes sur la guerre d’indépendance grecque… L’ensemble est assez hétéroclite.

Eléments féminins de l'EON.
Eléments féminins de l’EON.

Le politologue grec Georges Contogeorgis, auteur d’une complexe mais excellente « Histoire de la Grèce« , estime cependant que Métaxas ne put jamais mettre en oeuvre dans sa totalité l’idéologie du régime. Forcé de composer avec le Roi, il manquait également de méchanismes de contrôle idéologique des masses, à l’exception de l’EON.

Les paradoxes du régime du 4 août

A priori, l’attitude du régime du 4 août pendant la deuxième guerre mondiale peut paraître paradoxale.

Le 28 octobre 1940, Métaxas, reçoit l’ambassadeur de l’Italie fasciste. Celui-ci est venu lui demander d’ouvrir les frontières grecques à l’armée italienne.

La réponse de Métaxas est toujours célébrée aujourd’hui : « Alors, c’est la guerre » (en français dans le texte, la langue des vieux diplomates de l’époque).

Ce fut le « Non » de la Grèce à l’Italie de Mussolini, toujours commémoré, tous les 28 octobre, deuxième fête nationale de la Grèce avec celle du 25 mars.

Pourquoi ce « Non » du Régime du 4 août à l’Italie fasciste puis à l’Allemagne nazie ?

La Grèce de Métaxas n’avait pas vraiment le choix.

Les alliés de l’Allemagne, Italie et Bulgarie, avaient des revendications territoriales sur le nord de la Grèce et sur certaines îles.

Dans un entretien à la presse grecque, peu après l’ultimatum italien, Métaxas expliquait qu’il avait tout fait pour éviter la guerre, qu’il estimait que l’Allemagne la perdrait, que les contreparties territoriales demandées par les puissances de l’Axe à la Grèce en échange de la paix étaient insupportables, et qu’il fallait donc livrer la guerre, aux côtés du Royaume-Uni.

Les rivalités entre nations et les intérêts géopolitiques s’affrontaient au-delà de la théorie et de l’idéologie.

Le 28 octobre 1940, ce n’est donc pas l’affrontement entre la Grèce et l’idéologie fasciste italienne, mais l’affrontement plus classique entre un pays agresseur et un pays agressé, deux pays aux idéologies nationalistes en apparence assez proches (si l’on excepte l’impérialisme colonial italien, qui n’avait rien d’équivalent dans la Grèce de Métaxas), mais en réalité adversaires.

Soldats grecs dans les montages du nord de la Grèce.
Soldats grecs dans les montagnes du nord de la Grèce.

Malgré les importants succès de l’armée grecque face à l’armée italienne, la Grèce ne parviendra pas à stopper les forces allemandes, venues à la rescousse des Italiens. La Grèce avait combattu presque seule. Le Royaume-Uni, trop occupé en Afrique du Nord, n’apportera d’abord qu’une aide symbolique, via l’envoi de quelques unités de la Royal Air Force en novembre 1940, soit après les premiers succès de l’armée grecque contre l’armée italienne. Le 17 novembre 1940, Métaxas proposera aux britanniques de mener  une opération terrestre conjointe depuis le sud de l’Albanie. Les Britanniques refuseront et ne proposeront que l’envoi d’un nombre limité d’unités terrestres, ce que les Grecs rejetteront au motif qu’elles seraient trop peu nombreuses pour être d’une quelconque utilité, et que cela ne ferait au contraire qu’accélérer l’intervention allemande.  Après l’apparition des troupes allemandes en Roumanie et la mobilisation de l’armée bulgare en vue de l’attaque allemande contre la Grèce, les Britanniques accepteront finalement d’envoyer 62.000 hommes  (notamment Britanniques, Australiens et Néo-Zélandais), entre le 2 mars et le 24 avril 1941, trop tard et trop peu pour stopper l’attaque allemande qui avait débuté le 6 avril, face à une armée grecque tout de même  affaiblie par l’invasion italienne.

Le sacrifice des soldats de l’armée grecque ne permettra pas d’empêcher l’occupation du pays, après le succès de l’attaque allemande. Le successeur de Métaxas se suicidera. Ce sera la fin du « Régime du 4 août » et de l’EON. Les Allemands se répartiront le territoire grec avec leurs alliés italiens et bulgares, en créant trois zones d’occupation (allemande, italienne, bulgare). Les méthodes les plus brutales seront le fait des Allemands et des Bulgares, mais les Italiens ne seront pas toujours en reste, employant notamment la torture pour arracher des aveux aux résistants arrêtés.

Enfants grecs souffrant de la faim. Deuxième guerre mondiale;
Enfants grecs souffrant de la faim. Deuxième guerre mondiale.

On estime que 300.000 Grecs sont morts de faim sous les privations, en raison notamment des réquisitions allemandes, dans ce que les Grecs nomment « la Grande Famine » (ο μεγάλος λιμός). La communauté juive de Thessalonique sera exterminée par l’occupant allemand.

Dès 1944, la guerre civile succédera à ce terrible épisode de l’histoire grecque, exacerbant plus que jamais la haine entre communistes et anti-communistes, y compris entre anciens résistants.

Istanbul, nuit du 6 au 7 septembre 1955. In memoriam.

Pogrom.
Istanbul, 1955. L’avenue Istiklal ancienne « Grande rue de Péra », bien connue des touristes et qui comptait de nombreux Grecs, entièrement pillée;
Une dame de la bourgeoisie turque d’Istanbul se joignant à la foule.
Scènes du film turc « Güz Sancisi », qui a donné pour la première fois au public turc un aperçu – très édulcoré, mais qui a l’immense mérite d’exister – du pogrom d’Istanbul.

Dans la nuit du 6 au 7 septembre 1955, une foule organisée composée d’hommes venus d’Anatolie et de turcs stambouliotes se dirige vers les habitations et les commerces grecs marqués à la peinture, les dévastant, tuant plus de 20 personnes, et violant des centaines de personnes; des cas de circoncision forcée seront également rapportés.

Le premier ministre turc de l’époque, Menderes, sera plus tard pendu pour autre chose, après le coup d’état militaire de 1960, pour violation de la constitution; le pogrom sera évoqué lors de son procès ce qui permet aux historiens d’avoir certaines informations précieuses sur son organisation; il sera réhabilité sous le président Ozal le 17 septembre 1990, qui le fera enterrer dans un mausolée; le pogrom peut être considéré comme l’oeuvre de ce que les Turcs nomment « l’état profond », impliquant différents cercles issus des forces de l’ordre et des milieux nationalistes.

L’ouvrage le plus complet paru sur le pogrom d’Istanbul est celui de l’historien Speros Vryonis, en anglais, intitulé « The Mechanism of Catastrophe: The Turkish Pogrom Of September 6-7, 1955, And The Destruction Of The Greek Community Of Istanbul ».

Pour une comparaison entre la minorité grecque d’Istanbul et la minorité musulmane de Thrace grecque : Thrace grecque : un monde à l’envers (comparatif entre la minorité grecque d’Istanbul et la minorité musulmane de Thrace – Pomaques, Tziganes, Turcs).

Certains auront remarqué que le blog s’intéressait beaucoup aux relations gréco-turques dernièrement.
Mais ces questions, souvent méconnues, ont un impact important y compris sur le plan économique (dépenses militaires).
Elles sont donc au coeur de l’avenir de la Grèce, et de l’Europe, qui doit s’y intéresser et peser de tout son poids pour les résoudre (sans forcément parler d’adhésion de la Turquie) plutôt que de reprocher aux Grecs, par exemple,  le format de leur armée.
En Turquie un écart de plus en plus important semble se créer, entre d’une part la politique dominatrice ou néo-ottomane de certaines élites, et d’autre part, certains intellectuels et artistes qui veulent tourner la page de la confrontation gréco-turque (comme le montrent par exemple le film « Güz Sancisi », ou encore le film « Yüregine sor« )  ou qui évoquent volontiers les lointaines origines gréco-arméniennes des Turcs de Turquie, dans un souci d’apaisement.
Actuellement la Grèce est menacée de « finlandisation »; on peut se demander si elle ne va pas, à terme, se transformer en satellite de la Turquie, succombant au « soft power » économique de son voisin (si la croissance de ce dernier se poursuit). Ceci impacte les questions de souveraineté, notamment la question de l’irrédentisme qui frappe la Thrace grecque et certaines îles grecques. D’où l’intérêt de remettre certaines choses en perspective.

Lutte contre le blanchiment : Chypre plus performante que l’Allemagne

figure« Qui veut noyer son chien, l’accuse de la rage. »

Comme l’a souligné l’économiste Jacques Sapir, la crise bancaire chypriote est la suite directe de la crise grecque (voir cet article, écrit avant le refus des Russes de financer la sortie de crise : http://fr.rian.ru/tribune/20130322/197865918.html). Les Banques chypriotes ont perdu plus de 5 milliards dans le cadre du plan de sauvetage de la Grèce.

C’est désormais au tour de Chypre de solliciter de l’aide, après quatre autres pays sur les dix sept qu’en compte la zone euro. Mais l’attitude de ses partenaires européens et surtout, les arguments utilisés, peuvent surprendre.

L’un des arguments avancés par ceux qui souhaitent achever le système bancaire de Chypre, est que l’île serait un centre de blanchiment d’argent sale.

Le Basel Institute on Governance, publie un classement des pays du Monde, notés sur 10.

Plus le score sur 10 est proche de zéro, plus cela signifie que le pays en question a pris de mesures pour lutter contre le blanchiment; et plus le risque de blanchiment est considéré comme faible.

Le classement, ici : http://index.baselgovernance.org/Index.html#ranking

Chypre, avec un score de 4,93 est mieux classée que l’Allemagne dont le score est de 5,8.

La France est mieux classée que Chypre, avec un score de 4,14.

Le score de Chypre est donc tout à fait honorable.

Autre argument :

Les partenaires européens de Chypre seraient contraints de limiter l’aide à Chypre à 10 milliards d’euros pour limiter son taux d’endettement, tout en sachant que Nicosie ne pourrait pas trouver la différence (environ 6 milliards, c’est à dire peu de choses au niveau européen) autrement qu’en détruisant son système bancaire (via la fuite des capitaux étrangers, qu’entraînerait la taxation des dépôts d’une ou plusieurs banques – avec cette particularité, que le système bancaire est à la petite économie chypriote, ce que l’industrie lourde est à l’économie allemande : sa principale ressource).

En réponse à cet argument, rappelons que 6 milliards d’euros de subventions au titre des fonds de « pré-adhésion » ont été donnés (et non pas prêtés) à la Turquie ces dernières années, pays non membre de l’Union européenne (la Turquie, qui en lançant ses troupes sur Chypre en 1974, et en la privant de sa souveraineté sur la partie nord, a littéralement détruit l’économie chypriote une première fois).

Tout n’est donc qu’une question de priorités…

figure

Les Grecs, éternels cocus de la cause palestinienne?

flotilleRécemment, s’est opéré un rapprochement entre la Grèce et Israël (et un autre, encore plus poussé, entre Chypre et Israël).

Ces rapprochements en ont surpris plus d’un.

Les Grecs entendent poursuivre leurs bonnes relations avec le monde arabe. Mais la plupart des spécialistes grecs en géopolitique se réjouissent,  parallèlement, du rapprochement gréco-israélien, et pensent (ou espèrent) que ce rapprochement a vocation à perdurer et à s’approfondir,  quand bien même les relations entre la Turquie et Israël se réchaufferaient-elles un jour.

Outre les nouveaux enjeux en Méditerranée orientale, le plus surprenant était peut-être le fait que depuis plusieurs décennies, les Grecs se caractérisaient par un soutien unilatéral, sans contrepartie à la cause palestinienne, tandis que les relations gréco-israéliennes étaient étonnamment peu développées.

La photographie qui illustre ce texte est celle du professeur grec Vangélis Pissias, faisant face aux commandos israéliens lors de l’arraisonnement de l’autoproclamée « Flotille de la liberté », le 31 mai 2010. Cette photographie est extraite du Flyer du spectacle intitulé « la flotille de Grèce à Gaza » présenté à Paris par la Compagnie Erinna en septembre 2012.

L’annonce de ce spectacle nous a donné envie de pondre ce petit texte à l’adresse des Grecs, philhellènes, militants de gauche et Arabes francophones qui s’intéressent à la question des relations entre le monde grec et le monde arabe, et à la question palestinienne.

Les Grecs ont souvent mis leur sens de l’humanisme, de la générosité et parfois leur courage, au service des réfugiés palestiniens qu’ils assimilent parfois à leurs propres réfugiés (d’Asie mineure ou d’ailleurs). Des militants grecs pro-palestiniens, souvent d’extrême gauche, ont même été emprisonnés en Israël.   De droite, de gauche, d’extrême gauche et même d’extrême droite, tous les partis politiques grecs (y compris Aube dorée) se sont caractérisés pendant plusieurs décennies par ce soutien à la cause palestinienne.

Et pourtant il y avait bien quelque chose d’ubuesque dans le caractère unilatéral de ce soutien…

en_header_01En compulsant les décisions de l’Organisation de la coopération islamique (anciennement « Organisation de la conférence islamique »), dont la Turquie fait partie, on est frappé de constater qu’en mars, 2008, l’Organisation de la conférence islamique appuyait par une résolution la propagande turque au sujet de la Thrace grecque, sur « l’identité » de la minorité « turque musulmane » de Thrace occidentale   (alors que la minorité compte aussi des populations non-turques comme les Pomaques et les Tziganes musulmans, qualifiés abusivement de « Turcs » par la Turquie).

ociCette organisation avait déjà accepté en son sein en tant qu’observateur, dès 1979, le soi-disant « état chypriote turc », une « entité » séparatiste créée au détriment des Grecs par la Turquie après l’invasion de Chypre, et les opérations d’épuration ethnique de 1974 et 1975. C’est cette « entité » que la Turquie proclamera « République turque de Chypre nord » en 1983.

Les Palestiniens sont également représentés au sein de l’Organisation de la coopération islamique.

Ainsi, depuis plusieurs décennies les Grecs manifestent leur appui à un peuple, dont les représentants soutiennent les pans les plus anti-grecs de la politique turque.

Quand on connaît les liens culturels et historiques entre la Grèce et Chypre, quand on connaît la sympathie des Grecs (de Grèce et de Chypre) pour les Palestiniens, on ne peut qu’être stupéfait de constater à quel point les Grecs sont les cocus de la cause palestinienne.

Il était peut-être temps pour la Grèce de s’orienter vers la recherche de ses propres intérêts.

Le prix géopolitique du peu d’intérêt que la Grèce a porté au développement de ses relations avec Israël aura été terrible pour elle. Cela aura eu pour effet de créer un boulevard pour les stratèges turcs. Ceux-ci formeront une alliance militaire et industrielle avec Israël, renforçant ainsi davantage la valeur stratégique de la Turquie aux yeux des Etats-Unis.

Alliance que l’on croyait solide jusqu’à ce que le gouvernement d’Erdogan rappelle qu’il existe deux Turquie, que le fond du peuple turc reste profondément, en majorité, attaché à la solidarité entre peuples musulmans sunnites, et que les Israéliens ne seront jamais à l’abri d’un retournement de situation de la part des partisans de l’impérialisme néo-ottoman.

Il faut évidemment espérer une paix juste plutôt que l’exacerbation des antagonismes.

Mais l’humanisme unilatéral, a peut-être ses limites…

Et tout en tentant de conserver de bonnes relations avec  le monde arabe,  la Grèce a sans doute intérêt à développer et à approfondir  ses relations politiques, militaires et énergétiques avec l’Etat hébreux, auquel il peut offrir entre autres, la profondeur stratégique de son espace maritime et aérien.

De leur côté, les Palestiniens devraient peut-être réfléchir à la façon dont ils ont traité un peuple dont toutes les élites (politique, culturelle) leur ont pendant si longtemps manifesté leur sympathie…

La Grèce et les lois contre le blasphème en Europe

pastitsios(article de 2012 remis en avant le 25 janvier 2014 sur la page d’accueil du blog Europe Grèce – suite à la condamnation en première instance d’un blogueur grec pour offense à la religion, à une peine de prison avec sursis – et non à une peine ferme comme l’a titré le Figaro)

La fermeture d’un site satirique anti-religieux après l’interpellation de son créateur (illustration), et l’existence d’une loi contre l’offense faite à la religion en Grèce, ont créé le « buzz » en Europe et en particulier dans un pays de tradition laïque comme la France.

Nous sommes allés voir si la Grèce était le seul pays d’Europe dans ce cas. A vous de juger (et d’aller directement aux textes de loi).

L’article 198 du code pénal grec punit « celui qui, en public et avec malveillance, offense Dieu de quelque manière que ce soit, et celui qui manifeste en public, en blasphémant, un manque de respect envers les choses religieuses. »

Précisons que l’application de cette loi en Grèce est assez rare; suffisamment rare en tout cas pour que ce cas particulier fasse autant parler (le dernier cas connu et médiatisé date de 2005 et concernait le dessinateur autrichien Gerhard Haderer mais au final, l’affaire n’avait pas eu de suite, la Cour d’appel d’Athènes l’ayant totalement innocenté).

Voici une liste non-exhaustive des pays où existent des lois similaires :

En Irlande, le « Defamation Act 2009 » punit le basphème de 25.000 euros d’amende
(le texte : http://www.irishstatutebook.ie/2009/en/act/pub/0031/sec0036.html#sec36
un article concernant ce texte : http://news.bbc.co.uk/2/hi/europe/8437460.stm).

En Espagne l’article 525 du code pénal punit « les attaques portées au dogme religieux, croyances ou cérémonies. » (http://noticias.juridicas.com/base_datos/Penal/lo10-1995.l2t21.html#a525)

Au Danemark (où existe également une Eglise d’état) l’article 140 du Code criminel Danois punit jusqu’à 4 mois d’emprisonnement « celui qui publiquement raille, ou fait outrage aux doctrines de foi ou aux cultes d’une communauté religieuse légalement établie dans ce pays. » (https://www.retsinformation.dk/Forms/R0710.aspx?id=113401)

En Suisse : le blasphème existe également dans le code pénal suisse, notamment à l’encontre de celui « qui, publiquement et de façon vile, aura offensé ou bafoué les convictions d’autrui en matière de croyance, en particulier de croyance en Dieu, ou aura profané les objets de la vénération religieuse » (http://www.admin.ch/ch/f/rs/311_0/a261.html).

Aux Pays-Bas en 2008, le gouvernement a indiqué vouloir « donner  
à l’interdiction du blasphème une nouvelle forme et une nouvelle place dans la loi » en punissant d’une façon générale  » toute offense grave envers un groupe ou une personne. »

En Allemagne l’article 166 du code pénal, punit « quiconque publiquement ou par le biais de la diffusion de documents écrits diffame la religion ou l’idéologie d’autrui d’une manière susceptible de troubler la paix publique » ou « diffame une église ou autre association religieuse ou idéologique au sein de l’Allemagne, ainsi que leurs institutions ou associations, d’une manière susceptible de troubler la paix publique. » Toute la nuance se trouve dans la définition que l’on donne du « trouble à la paix publique ».

Rappelons également que le film « La vie de Brian «  des Monty Python, parodiant la vie du Christ, sera interdit en Norvège pendant quelques mois en application d’une loi de 1930, en Irlande jusqu’en 1987, et en Italie jusqu’en 1990.

Au Royaume-Uni la loi punissait quiconque «injurie le christianisme ou use d’un langage scabreux et offensant à propos du Christ, de Dieu et de la Bible». Ce qui a déjà donné lieu à quelques cas de censure. La chambre des Lords ne s’est prononcée pour l’abolition de cette loi qu’en 2008 face à la pression créée par les décisions de la Cour européenne des droits de l’homme.

Les différentes dispositions ayant trait au blasphème (même si elles ne disent pas toujours leur nom) sont plus ou moins appliquées selon les pays et les époques; mais elles existent toujours au moins dans les textes.

Bref : critiquer cette loi grecque, pourquoi pas. Faire passer la Grèce pour un pays du Moyen-âge et une exception en Europe, non.

A noter que plus loin de nous, l’Organisation de la coopération islamique qui regroupe certains pays européens pas encore membre de l’Union européenne comme l’Albanie et la Bosnie-Herzégovine (ainsi que certains pays non-européens que l’on dit laïcs tel la Turquie), a demandé l’inscription du blasphème dans le droit international.

Autres billets du blog en lien avec la religion :

Discours de résistance de l’Eglise de Grèce

L’Eglise de Grèce en a marre de tendre l’autre joue : oui, elle paie des impôts, et le fait enfin savoir!

Un Grec veut s’offrir en sacrifice à Angela Merkel

dimitrakis_evzoneChers lecteurs, pardonnerez-vous cette faute de goût?

Après avoir beaucoup hésité pour des raisons que vous comprendrez vite (surtout si vous visionnez la vidéo jusqu’au bout), voici Dimitrakis et son appel à Angela Merkel…

Dimitrakis vit à Saint-Petersbourg et se surnomme « le porno-immigré de Saint-Pétersbourg. »

Il se déclare prêt à donner son corps, non pas à la science mais à Angela Merkel, en échange du sauvetage de la Grèce.

On ne sait pas si Mme Merkel en a été informée.

Sur la vidéo qu’il a diffusée sur Youtube, Dimitrakis enfile d’abord son plus beau costume.

Puis il se lance dans une longue diatribe au cours de laquelle, tour à tour, il accuse Hitler d’avoir entre autres « volé » la Svastika aux Grecs, amphores antiques à l’appui (vidéo entre 1mn 23 et 1mn 32), fait remarquer que le physique de Goebels ne correspondait pas à la vision allemande du aryen, critique les hommes politiques grecs pour ne pas s’être rendus au mariage du ministre allemand Gvido Vestervele, montre la vidéo d’une danseuse en maillot de bain qu’il prend pour la chancelière allemande (la ressemblance est troublante), montre une photographie de l’époux de Mme Merkel qui selon lui ne parviendrait pas à la satisfaire, ce qui serait à l’origine du fait qu’elle s’en prend à la Grèce (à 7mn 38) et aux pays du sud en général…

Après quoi il enfile une tenue traditionnelle de Grèce continentale (foustanelle, gilet et bonnet rouge – 09mn11 sur la vidéo), puis formule sa proposition en des termes que la pudeur nous interdira de traduire.

Le tout pour finir en santiagues et slip rouge marqué du sceau de Woody Woodpeker (11mn01 sur la vidéo), prêt à passer au sacrifice ultime.

La vidéo est disponible sur Youtube :

Le programme du Syriza pour 2012 – Economie, immigration, sécurité (mis à jour les 22/05/2012 et 24/05/2012)

« Partager » (économie), « aimer son prochain comme soi-même » (immigration), et… « tu ne tueras point » (sécurité et politique étrangère).

Après avoir abordé les autres partis qui ont le vent en poupe, peut-on résumer ainsi le programme du SYRIZA (Gauche radicale ou extrême gauche selon les points de vue), qui dans les sondages postérieurs à l’élection qui l’a placé deuxième, est donné pour être le premier parti de Grèce?

Voici quelques points clés du programme du SYRIZA pour 2012 (résumés par le site politique parapolitika.gr, vérifiés sur le site du SYRIZA left.gr traduits et classés par votre serviteur).

Le SYRIZA est évidemment opposé au plan d’austérité et favorable à un certain nombre de nationalisations.

– Economie

. Refus du plan d’austérité.
. Embauches massives dans la santé, l’éducation et les services sociaux. Programme immédiat de création de 100.000 nouveaux postes de travail (hôpitaux, écoles, organismes liés à la politique sociale).
. Augmentation des indemnités pour les licenciements; mesures spéciales pour les chômeurs de longue durée ou de plus de 50 ans.
. Salaire minimum porté au niveau moyen des pays de l’UE 15 soit 1300 euros par mois.
. Augmentation des retraites.
. Retour à la propriété publique de tous les services publics et de tous les organismes dans les domaines de l’énergie, des télécommunications, des ressources en eau, des transports, des infrastructures (ports, aéroports, marinas, routes, installations touristiques etc), transparence et contrôle populaire du système d’attribution et  d’exécution des grands projets et des politiques foncières.
. Etant précisé que les nationalisations ne concernent pas seulement le titre de propriété mais aussi la modification de la structure des entreprises publiques avec participation des salariés dans la prise de décision et contrôle social, de sorte que les entreprises ne soient pas au service de l’accumulation capitaliste, mais des besoins sociaux.
. Formation d’un pôle d’intervention étatique dans le système bancaire, avec pour pilier la Banque Nationale, la Banque agricole et la banque postale, qui passent sous contrôle public et deviennent propriété publique. Grâce à ce pôle,  nouvelle politique sur le crédit,  qui encourage la croissance, soutient les PME, les micro-entreprises et l’économie rurale, encourage des politiques sectorielles et renforce les secteurs les plus pauvres.
. Nationalisation de chaque banque incapable de remplir ses obligations et de servir les déposants et qui a besoin du soutien de l’état.
. Refus de la privatisation de la  compagnie Olympic ariways, de l’OTE (France telecom grec)de la libéralisation du secteur ferroviaire, des ports du Pirée et de Thessalonique et développement de ces ports ainsi que de celui d’Higoumenitsa.

A noter que certaines composantes du SYRIZA parlent de nationalisation de toutes les banques ( http://www.parapolitika.gr/ArticleDetails/tabid/63/ArticleID/435511/Default.aspx)

Le SYRIZA considère que tout cela pourrait être rendu possible par une grande mobilisation des forces de gauche européennes.

– Immigration

(sources parapolitika.gr  et
http://www.left.gr/article.php?id=289):

. Facilitation du regroupement familial des immigrés.
.  Facilitation de la naturalisation des immigrés et notamment de leurs enfants.
. Suppression de toute limitation à l’accès à la santé publique et à l’éducation pour les migrants.
. Suppression des camps de rétention d’étrangers et création de centres ouverts aux conditions dignes.
. Élimination des expulsions informelles en mer Egée et à la frontière de l’Evros.
. Suppression de l’expulsion et de la rétention administrative des mineurs.
. Suppression du corps des garde frontières
. Régularisation et sécurité sociale pour tous les immigrés qui travaillent.
. Enregistrement de « leurs droits politiques et sociaux », droit de vote et d’éligibilité.
. Asile politique aux réfugiés.
. Nationalité à tous les enfants qui naissent en Grèce ou qui y sont arrivés à un jeune âge.
. Nationalité automatique après 7 ans de présence.
. Intégration sociale des immigrés et droits égaux.
. Déconnexion de l’octroi de l’autorisation de séjour et du paiement d’un certain nombre de timbres fiscaux.

Le SYRIZA ne précise pas quel sera le ratio Grecs/migrants après un tel appel d’air, vu le contexte grec (seule mesure contre l’immigration: le leader du SYRIZA comme d’autres voix en Grèce souhaiterait une renégociation des accords de Dublin 2 qui obligent la Grèce  à empêcher les clandestins d’atteindre un autre pays européen; en revanche les autres mesures proposées paraissent pour le moins surprenantes vu la crise migratoire traversée par la Grèce).

– Eglise et Religion

. Expropriation de tous les biens immobiliers de l’église et des monastères et taxation de tous les revenus de l’église.
. Suppression de l’enseignement du catéchisme par une approche scientifique du phénomène de la religion, école a-religieuse.
. Séparation totale des rôles église/état avec compétence absolue de l’état y compris sur la question des cours de religion. Suppression du serment religieux.  Enseignement religieux portant sur toutes les religions.

– Sécurité/défense/Armée

. Démilitarisation (sic) des forces de sécurité et désarmement des unités de la police pendant la durée des mouvements syndicaux et des  manifestations politiques.
.Suppression des unités spéciales (MAT= équivalent des CRS)  et des corps spéciaux (garde frontières, garde-champêtres).
.Interdiction de l’utilisation des gaz chimiques et de balles plastiques pendant les manifestations, les grèves et toute forme de mobilisation collective.
. Prisons : création d’une charte du détenu; humanisation des conditions de détention, interdiction des prisons ne respectant pas les conditions de vie humaines et dignes.
. Retrait des forces militaires grecques de « missions qui constituent une ingérence de l’impérialisme dans les pays étrangers. Notre devise est: aucun soldat en dehors des frontières de son pays. »
. Suppression immédiate des bases de l’OTAN à  Souda et Akrios: « nous ne voulons pas la Grèce dans l’Otan ni l’Otan en Grèce et nous combattons pour son démentellement »
. Service militaire de 6 mois; reconnaissance de l’objection de conscience avec un service social.
. Réduction drastique des armements et des dépenses militaires [le SYRIZA ne précise pas lesquelles alors qu’elles ont déjà énormément baissé) en faveur de la couverture des besoins sociaux. Selon le SYRIZA ces dépenses fondamentalement servent les plans de l’OTAN.

– Société

. Dépénalisation de l’utilisation, de la détention, de la cession de toutes les substances (stupéfiantes) sans exception pour usage personnel. . Traitement des utilisateurs comme des malades. Mesures pour couper les utilisateurs du commerce illégal.

– Education

. Suppression de la loi sur les collèges d’études privée et absorption des étudiants pas le système éducatif public. Etudes secondaires gratuites.
. Embauches massives de milliers de postes vacants dans le domaines de l’éducation.
. Défense et extension de l’asile et des libertés académiques et syndicales dans les établissements d’éducation.

– Santé

. Embauches massives de personnel médical  et amélioration de leurs conditions d’exercice.

Pour conclure : Europe Grèce avait supprimé le terme « extrême gauche » au profit de celui de « gauche radicale » pour parler du SYRIZA à la demande de certains lecteurs du blog. Chacun jugera.

Sur le contexte géopolitique actuel dans la région: Archives de la Catégorie 8- Relations gréco-turques

Dans la mesure où il n’est pas facile de résumer un programme, les commentaires sont ouverts à tous ceux qui voudraient compléter et donner un autre avis.

Vous aurez sûrement perçu quel est le mien.

Mise à jour du 22/05/2012: Où sont passés les chiffres du programme?

Précision. La seule version que le SYRIZA présente désormais sur ses sites (left.gr et syriza.gr) comme étant son programme ne comporte plus tous les chiffres.

Sentir le vent du pouvoir comme on sent le vent du boulet, semble avoir un effet sur les rêves des partis politiques grecs (mais pas seulement).

Une petite polémique est donc en train de naître en Grèce pour savoir où sont passés les chiffres et notamment les 100.000 embauches, chiffre que le SYRIZA a diffusé via ses affiches, son site, etc.

La version actuellement présentée sur le site du SYRIZA comme étant le programme, contient les mêmes propositions mais en moins chiffré et en moins précis :

–    les embauches dans le secteur public sont toujours là, mais il n’est plus précisé combien de monde cela concerne (disparition du chiffre de 100.000);

–    la « régularisation des immigrés qui travaillent » devient « des droits égaux pour les immigrés » ou encore « la régularisation des immigrés  » au détour d’une phrase, sans précision sur le point de savoir si cela ne concerne que ceux qui travaillent, ou tous (Par décision des 18 et 19 février 2012, la commission de coordination panhellénique du Syriza  confirmait la volonté de régulariser les immigrés – le texte ne différencie pas selon qu’ils travaillent ou pas – point 1.9).

–    pour les biens de l’église on parle désormais « d’utilisation et réaménagement des biens de l’église » sans utilisation du terme renvoyant aux expropriations et en précisant que c’est pour les sans abris (mais de toute façon par décision des 18 et 19 février 2012, la commission de coordination panhellénique du Syriza  confirmait la nationalisation de la propriété ecclésiastique et monastique – point 1.3)

Concernant les banques par décision des 18 et 19 février 2012, la commission de coordination panhellénique du Syriza  confirmait la volonté de nationaliser les banques sans que le texte ne comporte de distinction entre les banques concernées (point 1.6  )

Dans le programme il est précisé  :

« Le système financier peut et doit devenir public et être réformé fondamentalement en un nouveau système de banques, avec une administration et une gestion  démocratique et transparente avec une forte participation et de forts droits de contrôle des travailleurs. C’est ce que nous entendons par le slogan: Nationalisation-Socialisation  des banques. En fonction de leur mission les banques peuvent appartenir à différentes entités publiques, gouvernementales et non-étatiques, par exemple des coopératives, avec la garantie et la protection de l’Etat. Leur seule préoccupation sera la protection des dépôts et le développement avec des critères sociaux et écologiques avec interdiction de toute  autre activité spéculative. »

Certains sites locaux du Syriza continuent de proposer la version complète, comme la section du Syriza de la ville de Larissa, qui propose la liste point par point intitulée « objectifs programmatiques »  qui étaient présentés auparavant à la page intitulée « le programme du Syriza » du site http://www.syriza.gr/.

Précisons qu’il existe un résumé en anglais, très partiel, encore moins chiffré et moins précis que la version grecque : http://www.left.gr/article.php?id=759

Pourquoi cette modification sur le chiffrage – ou désormais l’absence de chiffrage? Les idées sont les mêmes mais on sent déjà un fléchissement.

Un bloggeur grec très sourcilleux, véritable Sherlock Holmes du Web, a voulu en avoir le coeur net.

Car enfin, le chiffre de 100.000 emplois figurait sur les affiches électorales pendant la campagne (comme le montre l’affiche en tête de la mise à jour, posée expressément au nom du SYRIZA par l’une de ses composantes, la DEA – « gauche travailliste internationaliste »), il a été repris par les militants, par tous les sites d’analyse comme parapolitika.gr (article du 9 mai 2012) et il figurait sur le site du SYRIZA.

Ce blogueur a donc remarqué que jusqu’au 6 mai 2012 au moins, jour du résultat des premières élections, (comme le montre le cache google) il existait sur le site du Syriza  une page figurant à la rubrique « nos positions », intitulée :

« Le programme du Syriza », avec pour date le 29-11-2011 (à gauche, en clair); on pouvait y lire ce qui était présenté par le titre comme le programme, beaucoup plus précis et chiffré, tandis qu’un sous-titre précisait que le texte ainsi présenté était le projet du secrétariat du SYRIZA pour la conférence panhellénique du parti, intitulé « Qu’est-ce que le SYRIZA et pourquoi il se bat? ». Les chiffres qui y figurent sont ceux qui ont été donnés par parapolitika.gr et qui étaient placardés sur les affiches (ci-dessous, capture d’écran de la page du 6 mai 2012 – cache google) .syriza20091

Cela signifie que l’internaute grec qui visitait le site avant d’aller voter le 6 mai, pouvait croire que l’embauche de ces 100.000 fonctionnaires faisait partie du programme.

A présent, plus aucun lien ne pointe vers cette version de la page.

Et quand on la retrouve par les moteurs de recherche ou en cliquant sur les liens du cache, c’est une nouvelle page qui apparaît, datée cette fois du 11-4-2009. Ce n’est pas une simple mise à jour. Le titre de la page n’est plus « Le programme du Syriza » mais uniquement « projet du secrétariat pour le programme de Syriza (2009) ». L’année, évidemment, change tout. Celle-ci est précisée une deuxième fois  (10-12 avril 2009).

Nos conclusions?

La disparition de ces chiffres pose bien sûr la question du réalisme du programme. De son financement -ne serait-ce que sur la question des embauches de fonctionnaires, comment prévoir un financement faute désormais d’en déterminer  le nombre.

Et surtout, au-delà de la question du site du SYRIZA (on peut toujours modifier une erreur) et des affiches électorales placardées en son nom (c’est déjà plus curieux), il faut comprendre que le SYRIZA est le rassemblement de 12 composantes très diverses.

Celles-ci font bien front commun contre le plan d’austérité, mais elles n’ont pas de réelle unité idéologique.

C’est un bouillonnement de tendances parfois très contradictoires.

Certaines se réclament volontiers officiellement de Lénine, Trostsky, Rosa Luxembourg (comme le DEA, auteur de l’affiche placardée en nom du Syriza que nous présentons ici).

Mais pour montrer à quel point ces tendances sont contradictoires, prenons  la composante du SYRIZA la plus éloignée de la ligne de ses partenaires, le DIKKI.

Le « DIKKI-gauche socialiste » paraît idéologiquement très à part, et éloigné non seulement des autres composantes du SYRIZA, mais même de nombre de positions officielles de celui-ci. On qualifie parfois le DIKKI de socialistes nationalistes (c’est le seul mouvement de ce type au sein du Syriza). Il est contre l’euro. Il tient même un discours très restrictif en terme d’immigration, que certains au sein du SYRIZA qualifieraient de discours d’extrême droite s’il était tenu par un autre parti. Mais il est extrêmement isolé au sein du Syriza sur ces questions – c’est peu dire – et ses propositions sur la question migratoire  ne se retrouvent pas au sein du programme sauf sur la suppression des accords de Dublin 2 (qui obligent le premier état européen où sont accueillis les immigrés clandestins, à les empêcher de le quitter vers un autre pays européen, ce qui du point de vue des autres composantes du Syriza est contraire à la liberté d’aller et venir – comment imposer une telle suppression aux partenaires européens pour leur renvoyer l’afflux de migrants, c’est une autre histoire).

Voici un extrait du point de vue exprimé sur le site du DIKKI sur ce thème:

 » – Quel est le but [mot à mot, « Que sert », ntd] du non-refoulement vers leur pays d’origine de ces immigrés qui sont ici sans  documents légaux et qui n’ont de capacité à travailler que dans les zones et les secteurs qui sont déjà surchargés? On veut nous faire croire que le gouvernement peut entourer littéralement avec des dizaines de milliers de policiers, les manifestations contre le plan d’austérité, mais qu’il ne peut pas en quelques semaines – très tranquillement – réaliser ce qui précède [c’est à dire refouler les immigrés illégaux, ndt]?

– Quel est le but du maintien de frontières ouvertes? Pourquoi le contrôle aux frontières ne s’applique-t-il pas, avec l’entrée uniquement de ceux qui seraient prévus par un accord intergouvernemental avec le pays d’origine, comme cela se faisait jusqu’en 1990 et à la mondialisation, quand (sans qu’absolument aucune tension ne soit nécessaire) il ne passait pas même un moustique [sic]? Qui cherchent-ils à tromper avec l’argument naïf selon lequel cela n’est pas techniquement faisable [resic]? »

Il va de soi que si un tel discours était tenu par n’importe quel parti, les 11 autres composantes du SYRIZA l’accuseraient de tous les maux.

Pour DIKKI, l’immigration est l’oeuvre du « nouvel ordre mondial » qu’il dit combattre.

A comparer avec cet extrait du programme officiel du SYRIZA:

« La légalisation des immigrés et des immigrées (…) contribuera de manière décisive au financement du système de retraite. » (http://www.left.gr/article.php?id=289)

La stratégie du  DIKKI : mettre à bas le plan d’austérité, et voir ensuite.

Mais une fois au pouvoir? Que fera le DIKKI quand le gouvernement SYRIZA appliquera son programme sur l’immigration (et l’euro…)? Que feront les différentes tendances dans les autres domaines?

La Grèce a bien du mal à se doter d’un gouvernement.

Mais la mise en place d’un gouvernement SYRIZA ne mettrait pas fin à des débats internes très puissants sur la ligne à tenir, sur des questions aussi essentielles que l’euro.

Pour illustrer encore la diversité du SYRIZA, précisons que les humoristes grecs ont fait leur beurre d’un montage réalisé par le journal le plus proche du parti, « Avgi » (Aube), qui a effacé sur sa version papier le signe de l’une des composantes du Syriza, le KOE, dont le drapeau comporte le nom, la faucille et le marteau ainsi qu’une étoile, qui se trouvait juste derrière Alexis Tsipras le soir des résultats (le drapeau complet est visible sur la version internet du même article).

Le journal a expliqué qu’il avait préféré mettre en avant un drapeau rouge, symbole de l’unité du combat de la gauche.

D’autres y voient un symbole des contradictions internes au mouvement (une volonté de ne pas mettre en avant les positions du KOE dont le drapeau se trouvait juste derrière le dirigeant du SYRIZA).

Mise à jour du 24 mai 2012 : pour Daniel Cohn Bendit, c’est « un programme de mensonge. »

Daniel Cohn Bendit ne comprend pas les chiffres donnés par le SYRIZA, cette fois-ci concernant les salaires.

Sans pour autant souscrire à certaines remarques ou sous-entendus, nous diffusons ici son intervention devant les journalistes dans les locaux du Parlement européen telle qu’elle a été reprise par le compte YouTube du site Newsbeast.gr  :

La partie intéressante de l’intervention de Daniel Cohn Bendit se trouve peut-être à la fin de cette vidéo : l’espoir qu’entre  les plans d’austérité d’une part, et les promesses de rejet pur et simple de Syriza tels qu’il découlent de son programme (et dans une moindre mesure, de celui des « Grecs indépendants » bien que ceux-ci soient plus modérés sur la question) d’autr part, une Grèce unie puisse peut-être au moins, renégocier les plans d’austérité, trouver une voie médiane, équilibrée et raisonnable (y compris, pourrait-on ajouter, quand il s’agit de résoudre les autres grandes problématiques auxquelles le pays doit faire face)… Le tout en utilisant la force que représente la voix du peuple grec telle qu’elle s’exprimera dans les urnes.

L’Armée de l’air grecque sauve la vie de huit Français

L’armée de l’air grecque vient de secourir 8 ressortissants français, dont le navire était en train de couler.


Il s’agit du « méga-yacht » « Yogi », de plus de 60 mètres, que la presse spécialisée présentait en avril dernier comme le plus gros yacht battant pavillon français.

Construit en Turquie, le Yogi a présenté une voie d’eau qui l’a contraint à émettre un signal de détresse, à l’aube du vendredi 17 février 2012.

Un hélicoptère Super-Puma du 348e escadron de recherche et sauvetage (384ΜΕΔ ) de l’armée de l’air  grecque a immédiatement décollé de la base de Chios, et s’est retrouvé sur les lieux une heure plus tard. Il n’a pu secourir immédiatement les passagers en raison de conditions météorologiques difficiles et s’est retrouvé à cours de carburant. Il a été relayé par un deuxième Super Puma basé à Limnos, lequel a pu faire monter les passagers à son bord.

On ne peut que se réjouir que cette unité de l’armée de l’air grecque ait disposé d’assez d’hommes, de carburant et de suffisamment de pièces détachées pour entretenir ces appareils et mener à bien ce sauvetage: selon certaines sources 50% du matériel des forces armées grecques serait immobilisé par manque de pièces détachées.

Les rares articles qui en parlent dans la presse internationale sont les premiers à le remarquer :
Les Super Puma grecs volent toujours. Heureusement !

Le réseau d’îles grecques est dense et complexe : en matière de sauvetage en mer comme pour en assurer la sécurité et la surveillance, les forces grecques sont contraintes d’y déployer d’importants moyens.

Source :
http://www.haf.gr/el/news.asp?id=6043

Grèce : où va l’argent des prêts?

Voici le graphique diffusé par le journaliste, homme politique et écrivain britannique Daniel Hannan sur son blog affilié au journal The Telegraph.

Le voici traduit en français par le site  jaiundoute.com.

Comme il le dit : « Sur chaque euro donné à «la Grèce», les autorités grecques ne prennent à dépenser que 19 cents et le reste va sauver les banquiers et les obligataires des conséquences de leurs mauvais investissements. Encore une fois, les pauvres renflouent les riches. »

Mise à jour : pour éviter toute confusion, précisons que ce graphique est antérieur au dernier plan, de février 2012, où la part consacrée au prêt paraît encore supérieure (certains parlent de la totalité); nous y reviendrons dès que nous aurons les chiffres.

Eurocrise : qui sont les vraies cigales ? par Yanis Varoufakis

« L’affaire semble entendue : un sud européen, dépensier, imprévoyant et désormais impécunieux, aujourd’hui réduit à mendier des subsides à un nord vertueux qui juge sévèrement ces errements irresponsables, forcément irresponsables, en une réédition du vieil apologue opposant la gente des fourmis à celle des cigales. Est-ce bien sûr ? L’économiste grec Yanis Varoufakis reprend à son compte la fable, mais en fait une lecture différente en réévaluant la distribution des rôles. » (contre info)

L’article en entier : http://contreinfo.info/article.php3?id_article=3138

 

Emeutes en Grèce : statistiques de la Police sur l’identité des émeutiers arrêtés

Un curieux mélange de « Monsieur tout le monde » et de délinquants

Sur les 79 émeutiers arrêtés par la Police grecque pour les épisodes du 13 février 2012, 3 sont des mineurs de 14 à 17 ans, 41 ont entre 19 et 29 ans, 27 entre 31 et 39 ans, et les autres ont plus de 40 ans.

15 sont chômeurs, 4 étudiants, 2 élèves, 11 salariés du secteur privé, 2 professions libérales, un professeur, un avocat, un chauffeur , un réalisateur, deux travaillent dans le bâtiment, et 39 n’ont pas donné d’éléments sur leur activité.

En outre seulement les deux tiers, soit 53, sont Grecs, et 26 sont étrangers (1/3) parmi lesquels : 9 Albanais, 4 Algériens, un Tunisien, un Mauritanien, un Roumain, deux Polonais, un Afghan , un Moldave, 4 Palestiniens et un Irakien.

source (entre autres) : http://www.protothema.gr/greece/article/?aid=177119

Rappelons que la grosse majorité des manifestants sont pacifiques et mettent plutôt en avant un patriotisme citoyen  (photo de gauche), bien que la presse se focalise davantage sur ceux qui roulent plutôt en mode « anarchisant » ou « casseur ».

Mais que dans les deux cas, le manque de contre-propositions organisées et précises face aux besoins financiers immédiats du pays (pour payer les fonctionnaires notamment) est le principal handicap à leur efficacité.

A venir dès que votre serviteur en aura le temps:

– quelques extraits du dernier mémorendum et une analyse sur le véritable « hold-up » que subit la Grèce;

– une revue de presse sur les comparaisons entre la crise grecque et les réponses apportées par l’Argentine à une crise comparable.

Rémunération des députés grecs : la réponse du Président du Parlement grec et d’une députée du SYRIZA à l’article de J. Quatremer (Libération)

Le 6 février 2012, le journaliste français Jean Quatremer (de Libération), publiait un article intitulé « Heureux qui, comme un député grec, a touché le pactole… ».

« L’info » selon laquelle ils toucheraient 8500 euros nets ne se base pas sur les chiffres en cours mais elle est relayée, semble-t-il sans vérification de son actualité, par le Nouvel Obs et rue 89.

Extraits :
« Saviez-vous que les 300 députés grecs de la Vouli (le parlement monocaméral local) sont parmi les mieux payés d’Europe ? Et qu’ils refusent fermement toute baisse de salaire, alors qu’ils n’hésitent pas à réduire les revenus de leurs compatriotes ? »

« Le salaire mensuel net d’un député grec s’élève à la coquette somme de 8500 euros nets par mois. À cela il faut ajouter une indemnité pour frais de 4900 euros, une indemnité pour participation aux commissions parlementaires de 1200 euros, une indemnité de logement de 1000 euros (pour les députés de province), un forfait de 1800 euros pour les frais de bureau ainsi que les transports gratuits. »

Cet article a été envoyé à M. Petsalnikos, Président du Parlement grec, avec une traduction du paragraphe qui précède et du fait que les députés étaient accusés de refuser fermement toute baisse. M. Petsalnikos a été averti que son éventuelle réponse serait transmise à Jean Quatremer et publiée sur un blog.

M. Petsalnikos conteste les chiffres avancés par cet article.

Voici donc pour les lecteurs d’Europe-Grèce, sa réponse, reçue peu de temps après :

« En réponse à l’e-mail que vous m’avez envoyé, à l’occasion de l’article d’un journaliste français, je vous fais savoir que sa référence à la rémunération des députés grecs ne correspond aucunement à la réalité.

Plus précisément :

Au cours de ces 2 dernières années, le total des revenus des députés grecs a  considérablement diminué.

Les députés grecs ont décidé :
– la réduction de l’indemnité parlementaire et la suppression complète des bonus de Noël, de Pâques et de congés;
– le non-paiement d’un mois d’indemnité parlementaire mensuelle entière;
– la prise en charge, mensuellement, du paiement de la surtaxe spéciale de solidarité à un taux de 5% qui est supérieur au taux [payé] par n’importe quel autre citoyen grec, et de la contribution au profit des chômeurs et de l’OAED |un peu l’équivalent de Pôle Emploi, ndt] qu’ils paient chaque mois;
– la réduction de 50% de l’indemnité pour participation aux réunions des commissions.

Les coupes et les réductions opérées sur les recommandations du Président du Parlement et les décisions du Parlement réuni en session plénière approchent les 50% du total des émoluments* mensuels des députés.

Le total des émoluments* mensuels que perçoivent les Députés ne dépasse pas 4500 euros, avec lesquels ils doivent couvrir les loyers et les dépenses de fonctionnement de leurs bureaux dans leur circonscription, les dépenses de carburant et de déplacement, etc.*

Enfin il est souligné qu’avec les coupes et les réductions des émoluments des députés, des employés et des dépenses de fonctionnement du Parlement, le budget total de fonctionnement du Parlement a été réduit de 25% par rapport à 2009.« 

* Pour ne pas qu’il y ait d’ambiguité sur les termes nous avons traduit le terme « αποδοχές »  par « émoluments »  (le dictionnaire spécialisé Hiotakis propose aussi pour ce mot : rémunération, paiement, salaire, traitements, appointements)

Nous laissons le texte en grec si certains veulent contester ou discuter la traduction, par souci de transparence :

« Objet : RE:

Απαντώντας στο email που μου στείλατε, με αφορμή άρθρο Γάλλου δημοσιογράφου, σας γνωρίζω ότι η αναφορά του στις αμοιβές των Ελλήνων Βουλευτών ουδόλως ανταποκρίνεται στην πραγματικότητα.
Πιο συγκεκριμένα :
Στο διάστημα των 2 τελευταίων ετών οι συνολικές αποδοχές των Ελλήνων Βουλευτών έχουν μειωθεί σημαντικά.
Οι Έλληνες Βουλευτές αποφάσισαν:
–          Την μείωση της Βουλευτικής αποζημίωσης και την ολοσχερή κατάργηση των επιδομάτων Χριστουγέννων, Πάσχα και αδείας.
–          Την μη καταβολή μιας ολόκληρης μηνιαίας αποζημίωσης
–          Την επιβάρυνσή τους μηνιαίως με την καταβολή της ειδικής εισφοράς αλληλεγγύης με συντελεστή 5%, που είναι μεγαλύτερος από τον αντίστοιχο συντελεστή οποιουδήποτε άλλου Έλληνα πολίτη, καθώς και με την εισφορά υπέρ των ανέργων και του ΟΑΕΔ που καταβάλουν μηνιαίως.
–          Την μείωση κατά 50% της αποζημίωσης για συμμετοχή σε συνεδριάσεις επιτροπών.
Οι  περικοπές και μειώσεις που επήλθαν από τις εισηγήσεις του Προέδρου της Βουλής και τις αποφάσεις της Ολομέλειας του Κοινοβουλίου, αγγίζουν το 50% των συνολικών μηνιαίων αποδοχών των Βουλευτών.
Οι συνολικές μηνιαίες αποδοχές που λαμβάνουν οι Βουλευτές δεν υπερβαίνουν τα 4500 Ευρώ, και αυτές πρέπει να καλύψουν τα ενοίκια και τα λειτουργικά έξοδα των γραφείων τους στη εκλογική τους περιφέρεια, τα έξοδα καυσίμων για την μετακίνησή τους κλπ.
Τέλος σημειώνεται ότι με τις περικοπές και μειώσεις στις αποδοχές των Βουλευτών, των υπαλλήλων καθώς και των λειτουργικών εξόδων του Κοινοβουλίου μειώθηκε ο συνολικός προϋπολογισμός της Βουλής των Ελλήνων κατά 25% σε σχέση με το έτος 2009. »

Mise à jour:

Comme rue 89 et le nouvel obs ont repris ces chiffres et que certains sont allés jusqu’à dire que M. Petslanikos mentait, voici également la réponse de la députée du SYRIZA Evangelia Ammanatidou-Paschalidou quant à  la véracité des chiffres de l’article de Jean Quatremer :

Après nous avoir expliqué la position de son parti et le fait que les chiffres de l’article de Jean Quatremer dataient de 2009, Mme Ammanatidou-Paschalidou, députée de Macédoine grecque, nous indique que le montant total de sa rémunération mensuelle s’élève à une somme perçue nette de 4150 euros par mois tout compris (y compris les indemnités pour organisation du bureau – familiales – frais postaux – et coût des transports qui varient en fonction de l’éloignement de la région d’origine du député); en brut la somme est de 8500 euros bruts sur lesquels sont pratiquées les diverses retenues (impôt sur le revenu à la source, contribution spéciale de solidarité, sécurité sociale, prélèvement automatique destiné au parti d’appartenance, retraite, etc) soit 4350 euros de retenues.

Mme Ammanatidou-Paschalidou nous indique également que dans la mesure où sa circonscription se trouve à Thessalonique elle et son autre camarade député du SYRIZA originaire de cette région, partagent leurs frais de permanence en province pour un total d’environ 2200 euros par mois, montant qui selon elle est souvent dépassé en cas d’obligations exceptionnelles.

Dans la mesure où on ne peut pas soupçonner M. Petsalnikos (PASOK, socialiste) et le Syriza (extrême gauche) de collusion, l’on nous permettra de considérer que les chiffres de l’article de Jean Quatremer ne sont pas à jour.

La somme de 4150 euros touchée rejoint ce que nous avait indiqué le Président du Parlement qui parlait de 4500 euros maximum perçus par les députés.

Voici la réponse de Mme Ammanatidou-Paschalidou en grec, toujours par souci de transparence pour ceux qui voudraient traduire :

 « Τα συνολικά μεικτά ποσά που αναφέρονται στο δημοσίευμα είναι από το δημοσιευμένο και ελεγμένο ΠΟΘΕΝ ΕΣΧΕΣ του 2009.
Οι αποζημιώσεις από τότε και καλώς, έχουν μειωθεί.
Σήμερα  το σύνολο των ακαθάριστων εσόδων ανέρχεται στις 8.500 ευρώ συμπεριλαμβανομένης της βουλευτικής αποζημίωσης και όλων των επιδομάτων (Επίδομα Οργάνωσης Γραφείου-Οικογενειακής παροχής-Ταχυδρομικά τέλη-Έξοδα Κίνησης τα οποία ποικίλουν ανάλογα με την εκλογική περιφέρεια και άρα δεν είναι τα ίδια για κάθε βουλευτή).
Από τα παραπάνω αφαιρούνται οι πάγιες, οι λοιπές και οι επιπλέον κρατήσεις (Υγειονομική Περίθαλψη – Υπέρ Κομματ(20% με πάγια εντολή).- Κλάδος Σύνταξης – ΕΤΑΕΑ ΦΕΚ 115/α/20-5-11 – Φόρος εισοδήματος –  4024/2011 – ΤΠ και Δ – Ειδ. Έισφ. Αλληλεγγύης – Ειδ. Εσφ. Αλλ. Αρ.29 ν.3986/2011- Ειδ. Εισφ ΟΑΕΔ – Τ.Α.Β.) Για εμένα είναι 4.350ευρώ.
Άρα το τελικό ποσό που αφορά εμένα είναι 4.150ευρώ.
Ως βουλευτής επαρχίας καλύπτω με το συνάδελφο Τ.Κουράκη από κοινού όλα τα έξοδα για την οργάνωση και λειτουργία των γραφείων μας ΣΥΡΙΖΑ(ενοίκιο-υλικά Η/Υ-γραφική ύλη, ΔΕΗ, αέριο κλπ, κατά μέσο όρο 800ευρώ/μήνα/βουλευτή) όπου στεγαζόμαστε στη Θεσσαλονίκη, τις μετακινήσεις μου στην Αθήνα (βενζίνες-διόδια-φαγητά/800ευρώ/μήνα), τις μετακινήσεις μου στη Βόρειο Ελλάδα τα Σαββατοκύριακα(είμαστε μόνο 2 βουλευτές σε όλη τη Μακεδονία-Θράκη/600ευρώ/μήνα).  Σύνολο παγίων περίπου 2.200 ευρώ/μήνα.
Σας περιέγραψα με έναν τρόπο τις υποχρεώσεις ενός βουλευτή από την επαρχία που είναι κάθε εβδομάδα στο κοινοβούλιο(3-5 ημέρες ανάλογα με το πρόγραμμα) και τις λοιπές ημέρες στην περιφέρεια.
Τα ποσά είναι κατά προσέγγιση και αρκετές φορές φυσικά αυξάνονται και από έκτακτες υποχρεώσεις.
Δεν ξέρω αν σας βοήθησα καθόλου όποτε θελήσετε είμαι στη διάθεσή σας.

Με εκτίμηση,

ΑΜΜΑΝΑΤΙΔΟΥ-ΠΑΣΧΑΛΙΔΟΥ ΕΥΑΓΓΕΛΙΑ
Βουλευτής  ΣΥ.ΡΙΖ.Α.  Β΄ Θεσσαλονίκης »

 (A.O.)

Aide militaire de la Grèce à la FYROM (2001-2002)

Petite anecdote.

On l’ignore mais dans les années 2001-2002, la Grèce a offert un certain nombre d’hélicoptères UH-1 Huey et des blindés Léonidas 1 à l’ex-République yougoslave de Macédoine (ARYM/FYROM) pour l’aider à combattre la rébellion albanaise (en photo, un blindé grec monté par des soldats de l’armée de SKOPJE qui l’a équipé d’une plaque de caoutchouc).

Des blindés totalement dépassés pour la guerre moderne, (leur conception a 50 ans  comme c’est le cas de presque  tous les transports de troupes de l’armée grecque qu’on présente comme soi-disant très moderne) et des hélicoptères dignes du film Apocalypse Now…

Mais suffisants, à l’époque, pour combattre une guérilla. L’armée de la FYROM s’est davantage équipée depuis.

Les relations entre la Grèce et la FYROM n’étaient pourtant pas au beau fixe. Mais le gouvernement grec de l’époque y avait vu une occasion d’apaiser les tensions et de créer des perspectives de coopération. En vain.

C’est que la Grèce et la FYROM auraient beaucoup d’intérêts communs si ne les divisaient pas, non seulement « la question du nom » comme on la résume si mal, mais aussi l’ambigüité savamment entretenue par Skopje sur la place du  nord de  la Grèce dans son roman national (en tout cas du point de vue grec, que nous avons défendu dans ce blog) . Celle-ci est assez bien résumée par la question de ces habitants de Macédoine grecque qui sont  considérés comme nationalement « Slaves » par Skopje, mais qui eux-mêmes se sentent grecs (en grande majorité) et qui dans ce cas, sont désignés sous le terme péjoratif de « Grékomans » par les nationalistes de la FYROM.

On accuse souvent la classe politique grecque de nationalisme à des fins politiciennes.

On oublie de noter que le premier ministre actuel de la FYROM appartient au « VRMO » qui se dit l’héritier du mouvement irrédentiste du même nom et des Comitadjis, ces troupes d’irréguliers  qui combattaient pour la nationalisme slave en Macédoine (le nom du parti est « VMRO-DPMNE » qui signifie « Organisation révolutionnaire macédonienne intérieure – Parti démocratique pour l’Unité nationale macédonienne », et reprend le sigle « VRMO » qui signifiait « Organisation révolutionnaire macédonienne intérieure« ).

La question semble difficilement soluble : comment réconcilier les positions de Skopje avec celles des Grecs, qui rappellent que l’occupation de la Grèce du nord par les Bulgares alliés aux nazis pendant la 2e guerre mondiale s’est aussi faite au nom du panslavisme et des thèses sur la « re-slavisation » du nord de la Grèce? C’est la vision qui avait alimenté l’irrédentisme bulgare, a été abandonnée par celui-ci, a été  reprise par l’irrédentisme de façade de Tito, puis par le discours sur la « Macédoine historique », la « Macédoine slave », la « Macédoine  égéenne » perdue, comprenant Thessalonique.

Certes la FYROM est en prise avec la question albanaise. La Grèce l’est moins, mais connaît la faillite.

Cependant ce n’est pas un argument suffisant pour que les uns et les autres abandonnent ce que les uns et les autres considèrent comme une atteinte à leur identité.

Sous forme de boutade nous avions suggéré que Skopje reconnaisse adopter tout l’héritage macédonien antique y compris, donc, la langue grecque, pour rapprocher culturellement les deux peuples. Mais cette vision se heurte à ceux qui , à Skopje, considèrent sans doute avec raison que leur identité est uniquement slave.

Bref, une vraie salade macédonienne.

Un article en grec sur les livraisons d’armes :

http://www.enkripto.com/2008/06/blog-post_6090.html

Un autre sur le fait qu’en réplique aux thèses de Skopje, certains Grecs se mettent à développer des thèses sur une minorité grecque en FYROM devant le Conseil de l’Europe:

http://diolkos.blogspot.fr/2012/01/100000.html

Bon voyage, Theo

Pour ceux qui n’aimaient pas ses films qu’ils trouvaient trop longs, Angelopoulos était ce que la Grèce est pour la zone euro, dans le monde de l’efficacité et de la vitesse: un emmerdeur.

Pour les autres c’était comme un peintre, tellement avide d’exprimer sa vision de l’homme et de la grécité, que la toile n’était pas assez grande, et les tubes de peinture pas assez remplis. Continue, petite Grèce, à nous donner de tels emmerdeurs.

Ses films sont autant des films que des pièces tragiques, des ballets et des rêveries.

Différent, et aussi exigeant envers lui-même qu’envers ses spectateurs.

En apprenant la nouvelle de sa mort, en me demandant ce qu’il avait pu ressentir au moment précis de son passage d’un monde à l’autre, j’ai ressenti que le temps s’était arrêté quelques instants, comme devant le train qui démarre dans « Eléni », comme ce que j’ai ressenti lorsque j’ai entendu pour la première fois, avant d’avoir vu le film, le titre du  » pas suspendu de la cigogne. »

Mort hier, le 24 janvier 2012. Cela fait justement une éternité et un jour.

Theo. Un Grec.

kalo taxidi, Theo.*

*Bon voyage, Theo

Humour tragi-comique sur la crise et la générosité migratoire

*

Georges Papandréou et les pays de l’Union européenne veulent à tout prix faire mentir le vieil adage selon lequel « charité bien ordonnée  commence par soi-même ».

Voici ce que déclarait Georges Papandréou (à l’époque Premier ministre d’un pays en faillite qui ne parvient pas à nourrir sa propre jeunesse, ndlr) le 10 septembre 2010 :

« A l’heure où d’autres pays de l’Europe chassent les immigrés et les Roms, nous, nous leur ouvrons les portes. »

Petite remarque  : l’Union européenne pourra lui descerner le brevet de la générosité suicidaire, elle  qui tout en reprochant aux Grecs de mal accueillir les immigrés clandestins, asphyxie la Grèce sous le poids de l’immigration clandestine en raison des accords de Dublin II. Ceux-ci prévoient que le pays où arrive un immigré clandestin doit le reprendre s’il le quitte pour un autre pays : or c’est par la frontière gréco-turque que passent 90% des clandestins vers l’Union européenne, arrivant par avion en Turquie, puis dirigés vers la frontière par des passeurs au vu et au su de tous.

* (Pardon aux bisounours)

Histoire commune

Petit extrait d’actualités anglophones sur les pilotes grecs oeuvrant pour les alliés, au Moyen-Orient, pendant la 2e guerre mondiale.

Histoire de rappeler que sur la longue durée et les choix importants, la Grèce a toujours combattu aux côtés de ses alliés européens et occidentaux (ceux qui méprisent aujourd’hui son histoire et parlent de « malentendu » entre la Grèce et l’Europe, ne peuvent pas en dire autant de tous ses voisins, ou partenaires européens).

Hawker Hurricane Mk IIb 335th Sqdr RHAF – Royal Hellenic Air Force 1942

Sur la 2e guerre mondiale, voir aussi:
Pétition pour le remboursement du prêt forcé : déjà 72.000 signatures