Immigration clandestine : vers la fin d’un blocage idéologique? (mise à jour)

evroscarte1Le nombre d’immigrés illégaux entrés en Grèce en août 2012 aurait connu une baisse significative, suite à l’envoi de 1881 garde-frontières en début de mois  à la frontière gréco-turque (certaines sources parlent d’une diminution de 90 à 95%, à vérifier).

Parallèlement, le ministre de l’intérieur a lancé l’opération « Xenios Zeus », que le gouvernement a annoncé vouloir étendre à toute la Grèce sur une longue période. Le but de cette opération est de conduire le maximum d’immigrés clandestins depuis les centres urbains jusqu’aux centres de rétention aménagés à cet effet.

L’opération est contestée aussi bien par l’extrême droite (Aube dorée ayant indiqué que c’était une erreur de regrouper les immigrés dans les centres de rétention pour une période indéterminée au lieu de les renvoyer immédiatement) que par les associations d’immigrés ou les mouvements de gauche.

Cette opération ne représente pour l’instant qu’une goutte d’eau compte tenu du fait que les chiffres officiels situent entre 1,3 et 1,5 millions le nombre d’immigrés clandestins présents en Grèce  (les Grecs s’accordent généralement pour dire que ces chiffres sont même sous-estimés).

C’est peut-être la fin d’un véritable blocage idéologique.

Il faut rappeler les propos de l’ancien ministre de l’intérieur, Pavlos Pavlopoulos, appartenant à la Nouvelle Démocratie (centre droit) sur la question migratoire.

Interrogé en 2007  par le journal « Ta nea », sur la question de savoir combien de régularisations d’immigrés auraient lieu et sur la question de savoir si ce procédé n’était pas de nature à motiver de nouveaux migrants (ainsi tentés de venir illégalement dans l’espoir d’être régularisés à leur tour), il répondait  :

« Nous ferons autant d’opérations de régularisation nécessaires pour qu’il n’y ait plus un seul immigré clandestin dans notre pays. Car la qualité de notre Démocratie et notre culture nous imposent qu’il n’existe pas d’immigrés illégaux, puisque les immigrés illégaux sont les victimes faciles du travail au noir et de la violation de leurs droits. Les immigrés en Grèce sont toujours, conformément à notre culture, des personnes sacrées. Et cela, nous l’avons démontré avec notre politique. »

Dans le même temps il indiquait vouloir faire le nécessaire pour contrôler les mouvements migratoires…

A l’occasion d’un colloque organisé à Rhodes en 2005, il indiquait :

« L’immigration est un phénomène naturel, un phénomène directement lié aux aspects positifs, je le souligne, de la mondialisation, et ce phénomène aide les sociétés et les peuples à progresser et à développer leurs cultures, quand nous savons à quel point les mouvements migratoires inoculent les sociétés et les cultures pour aller de l’avant. Ils fécondent littéralement les cultures, ils fécondent les sociétés. »

Tout l’intérêt de ces déclarations réside dans le fait qu’elles émanaient, non pas d’une personnalité de gauche, mais d’un ministre de droite. Elles expliquent peut-être la montée d’Aube dorée, se présentant comme une alternative face à l’absence de forces politiques  véritablement conservatrices sur ces questions.

Elles illustrent, malgré quelques précautions de langage, la vision totalement angéliste, idéalisée, naïve, et peu sérieuse, avec laquelle était traitée la question migratoire par certaines élites peut-être terrifiées par l’ampleur de la tâche (c’est par la Grèce que passent la plupart des clandestins rêvant d’Europe), préférant par fatalisme se réfugier derrière une vision débridée la mondialisation, et derrière un discours ultra-libéral, qui s’applique aussi bien à la circulation des capitaux qu’à celle des hommes.

Rappelons encore les propos d’Andréas Papandréou, ex-premier ministre du PASOK (parti socialiste), déjà évoqués sur ce blog, qui déclarait en pleine crise, sans rire : “A l’heure où d’autres pays de l’Europe chassent les immigrés et les Roms, nous, nous leur ouvrons les portes.”

Sur l’immigration, voir la Catégorie « Immigration » d’Europe Grèce :
https://europegrece.wordpress.com/category/7-immigration/

Mise à jour du 31/08/2012:

Selon certaines sources, face à l’indispensable « verrouillage » de la frontière terrestre décidé par les autorités grecques, les passeurs turcs conduiraient les migrants vers les côtes turques afin de procéder à des passages par bateau en mer Egée, vers les îles grecques. Une estimation de 100.000 migrants en passe de procéder de la sorte est avancée. (chiffre invérifiable)

Reste à voir quel type de dispositif maritime peut être installé alors que la Grèce manque de moyens. A noter que la Turquie est en pleine croissance économique, créatrice d’emplois. Malgré cela au vu et au su des autorités turques, c’est vers la Grèce que sont acheminés les migrants, dans l’espoir d’atteindre l’Union européenne.

Immigration : la tartuferie européenne vis à vis de la Grèce

Nous avons récemment rapporté les échanges de tir à la frontière gréco-turque entre la police et l’armée grecque et les passeurs turcs.

Depuis quelques mois la Grèce est accusée de « laxisme » en matière d’immigration clandestine.

Et en ce mois de mars 2012, c’est au tour de l’Autriche et de l’Allemagne d’exiger que la Grèce « surveille davantage » la frontière gréco-turque.

Une véritable tartuferie puisqu’en janvier 2011, la Commission européenne avait  émis des réserves sur le projet de la Grèce de clôturer une partie de sa frontière terrestre avec la Turquie pour compliquer la tâche des passeurs, et canaliser les flux d’immigrés clandestins.

Ainsi alors que la Grèce serait en droit de tout tenter, et alors qu’on lui reproche de ne pas en faire assez, les bonnes âmes jouent avec les mots et parlent de nouveau  « mur de Berlin », tandis que l’aide européenne de surveillance de la frontière (via FRONTEX) est manifestement insuffisante.

La Grèce est devenue la principale porte d’entrée des immigrés clandestins dans l’Union européenne.

Ces immigrés clandestins passent par la Turquie qui a mis en place un régime de visas libres avec la Syrie, le Yémen, la Libye, le Liban, le Maroc, la Tunisie et d’autres pays.  La Grèce n’a pas les moyens de les accueillir.

Mise à jour du 14 mars 2012:

Ne mâchant pas ses mots et loin des Tartuffe de Bruxelles, Arno Klarsfeld, vient de plaider pour un mur tout au long de la frontière : « une grande barrière sur toute l’étendue du territoire, avec des patrouilles qui patrouillent sans cesse. C’est ce qu’il faut faire aux frontières européennes, c’est-à-dire en Grèce.” « Un mur c’est fait avec des fils, des barbelés, un mur quoi, comme à Rome, il y avait un mur. La paix a duré quatre siècles. »

Nous informons nos lecteurs que la vision d’Arno Klarsfeld n’est pas très éloignée du projet grec, qui en plus du mur prévoit un fossé qui doublera la rivière Evros entièrement construit pas les ingénieurs et conducteurs d’engins de l’armée grecque en coopération avec des professeurs de l’université de Thessalonique; ce fossé aura également des fonctions agricoles puisqu’il pourra servir de bassin de rétention.

Echange de tirs à la frontière gréco-turque

Un aperçu de la question migratoire en Grèce et du climat qui règne à la frontières gréco-turque…

Ce vendredi 2 mars 2012, trois Turcs qui traversaient la rivière-frontière Evros, ont ouvert le feu à l’arme automatique contre une patrouille mixte composée de policiers grecs de la « Répression de l’immigration illégale », de gardes-fontières grecs, d’agents européens membres de FRONTEX (Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne) et contre un groupe de soldats de l’armée grecque qui patrouillait également dans le secteur.

Les policiers et soldats grecs ont répliqué, blessant deux Turcs qui ont été conduits à l’hôpital.

Selon la presse grecque, la patrouille grecque a repéré trois Turcs armés qui conduisaient des immigrés clandestins en barque depuis la rive turque:

« Dès que les barques ont été illuminées et qu’il leur a été demandé de repartir en Turquie, les Turcs ont commencé à tirer à l’arme automatique. La patrouille grecque a répondu par une avalanche de tirs vers la direction d’où provenaient les tirs.
 
Un Turc a été blessé et immédiatement arrêté. »

Un deuxième homme, un Pakistanais, a également été blessé.
Les immigrés clandestins qui tentaient ainsi de passer étaient au nombre de 25: 19 en provenance du Bengladesh et 6 du Pakistan.

evroscarte1Ce n’est pas la première fois : des faits similaires s’étaient produits le 15 janvier 2012, où l’armée grecque avait blessé au pied un passeur turc qui avait ouvert le feu sur une patrouille mixte de composée de garde-frontières et de soldats grecs.

Les difficultés économiques n’ont pas mis fin aux autres maux de la Grèce parmi lesquels l’immigration clandestine de masse.

En 2010 90% des immigrés clandestins entrés dans l’union européenne étaient passés par la Grèce).

Si nombre d’immigrés légaux quittent la Grèce en raison de la crise, l’afflux massif de clandestins qui rêvent d’Europe et passent par la porte grecque se poursuit (selon les statistiques de 2010 90% des immigrés clandestins entrés dans l’union européenne étaient passés par la Grèce).

Le développement des réseaux de passeurs en Turquie est tel que l’on trouve en Grèce des Algériens ou des Libyens, venus via la Turquie, alors que leur destination traditionnelle était respectivement la France ou l’Italie.

En raison des accords de Dublin II, la Grèce doit normalement empêcher les clandestins arrivés sur son sol de repartir vers un autre pays de l’Union européenne, ce qui rend sa situation impossible puisque, comme indiqué plus haut, la grande majorité des migrants passe désormais par la Grèce via la Turquie où les réseaux de passeurs agissent sans se dissimuler.

La Cour de justice des communautés européennes, face à ce constat, a assoupli les règles d’examen des demandes d’asile en indiquant qu’elles devaient désormais s’opérer dans l’état où est trouvé le réfugié politique, car la Grèce ne pouvait gérer un tel flux ce qui avait des conséquences sur les conditions d’acceuil.

La Grèce construit un mur sur une partie de la frontière gréco-turque pour tenter de canaliser le flux et ainsi, mieux le contrôler. Ce qui choque les bonnes âmes totalement coupées des réalités…

En plus des problèmes habituels liés à l’afflux massif d’immigrés clandestins, la Grèce ne peut de toute façon plus se permettre de s’en occuper.

Humour tragi-comique sur la crise et la générosité migratoire

*

Georges Papandréou et les pays de l’Union européenne veulent à tout prix faire mentir le vieil adage selon lequel « charité bien ordonnée  commence par soi-même ».

Voici ce que déclarait Georges Papandréou (à l’époque Premier ministre d’un pays en faillite qui ne parvient pas à nourrir sa propre jeunesse, ndlr) le 10 septembre 2010 :

« A l’heure où d’autres pays de l’Europe chassent les immigrés et les Roms, nous, nous leur ouvrons les portes. »

Petite remarque  : l’Union européenne pourra lui descerner le brevet de la générosité suicidaire, elle  qui tout en reprochant aux Grecs de mal accueillir les immigrés clandestins, asphyxie la Grèce sous le poids de l’immigration clandestine en raison des accords de Dublin II. Ceux-ci prévoient que le pays où arrive un immigré clandestin doit le reprendre s’il le quitte pour un autre pays : or c’est par la frontière gréco-turque que passent 90% des clandestins vers l’Union européenne, arrivant par avion en Turquie, puis dirigés vers la frontière par des passeurs au vu et au su de tous.

* (Pardon aux bisounours)